Lancée le 1er décembre 2016 par la Commission Européenne, le projet Digital Skills and Jobs Coalition a pour objet de réunir dans chaque Etat membre de l’Union Européenne des intervenants à même de répondre à la forte demande de compétences numériques en Europe : représentants institutionnels, entreprises, partenaires sociaux, ONG, acteurs du secteur de l’enseignement…
Une initiative qui, à ce jour, a abouti à la création de 18 coalitions nationales dont l’avant-dernière en date a vu le jour en France et à laquelle s’est joint le Passeport de Compétences Informatique Européen (PCIE) en tant que référence internationale de la certification des compétences digitales.
Annoncée officiellement le 26 septembre dernier à l’occasion d’une conférence de presse qui s’est tenue au CNAM à Paris, la Coalition Française est coordonnée et animée par le MEDEF et réunit des acteurs sociaux et économiques tels que Adecco, l’AFPA, l’Agence du Numérique, l’APEC, l’association Pasc@line, la CFDT, le Cigref, la CPME, la Grande École du Numérique, le Groupe BPCE, le Groupe des fédérations industrielles, le Ministère de l’Education Nationale, la Région Grand Est, Simplon, Sodexo, l’Union des Industries Chimiques (UIC), etc.
Le but de la Coalition : répondre aux défis de l’ère numérique, comme à ceux du marché de l’emploi. Pour la Commission Européenne, l’enjeu est de taille. Sur le continent européen, c’est en effet près de 750 000 emplois qualifiés dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) qui pourraient ne pas être pourvus d’ici à 2020. La faute à un manque cruel de compétences. Toujours selon les chiffres de la Commission Européenne, plus d’un tiers de la population active et, plus globalement, près de 45% des Européens auraient uniquement des compétences numériques de base.
Un constat qui pousse à repenser les compétences numériques comme une arme de choix sur le marché de l’emploi, à l’heure où le chômage des jeunes dans l’Union Européenne tourne autour des 20%.
Stratégique au niveau européen, la bonne maîtrise des outils numériques l’est tout autant à l’échelle nationale. Selon France Stratégies et la Dares, c’est entre 170 000 à 212 000 postes qui seraient à pourvoir dans le secteur du numérique en France d’ici 2022.
Au fait de ces constats, la Coalition organise ses travaux autour de quatre grands axes :
– Accompagner les actifs (demandeurs d’emploi et salariés) dans l’acquisition des compétences numériques qui leur permettront de développer leur employabilité tout au long de leur vie ;
– Améliorer la prise en considération des compétences numériques dans le domaine de l’Education ;
– Développer la formation des professionnels du numérique ;
– Améliorer les compétences numériques de tous.
Jérémy SIMON, Directeur de Mission à la Direction Générale du MEDEF, revient avec nous sur les objectifs, les travaux et la méthodologie mis en place par la Coalition Française.
ECDL France : Monsieur SIMON, pouvez-vous nous résumer en quelques mots les objectifs de la Coalition Française ?
JS : Dans un premier temps, il s’agit de donner de la cohérence et de fédérer des acteurs qui se connaissent plus ou moins bien. Les acteurs du numérique, bien sûr, qui opèrent au plan local, régional ou national. Mais aussi des acteurs de différentes natures, publics ou privés, comme par exemple le monde de l’entreprise et l’Education Nationale. De ces rapprochements naîtra un état des lieux qui nous permettra de savoir véritablement où nous en sommes en matière de compétences et de besoins. Le but final de cette approche n’est pas d’aboutir à vingt ou trente recommandations qui viseraient une nouvelle fois à reforger des référentiels de compétences ou à augmenter ou diminuer des financements. En rupture avec une démarche qui nous ramène trop souvent à simplement « jouer avec des curseurs », ce que nous voulons, c’est plutôt donner de nouvelles idées aux pouvoirs publics, être un laboratoire d’idées en somme.
(Monsieur Jérémy SIMON lors de la célébration des 20 ans de la certification PCIE le 12 octobre 2017)
Pour ce faire, il faudra aussi bien mettre en exergue des projets prometteurs toujours au stade de l’incubation, comme promouvoir des projets novateurs dont on note déjà les bons résultats. Autrement dit, être pragmatique en donnant leurs chances à des initiatives très concrètes.
ECDL France : En quoi va précisément consister le rôle du MEDEF en tant qu’animateur de la Coalition ? Quelle méthodologie va être adoptée ?
JS : Le MEDEF a principalement un rôle de coordinateur et d’animateur ; ni plus ni moins. Il met à profit ses moyens et ses réseaux via un secrétariat dédié et a mis en place une plateforme pour que différents acteurs puissent justement aider à dresser un état des lieux des initiatives et des bonnes pratiques à développer. Des points d’étapes réguliers sur l’avancée des travaux de la Coalition sont également prévus.
Nous travaillons aujourd’hui avec quatre équipes qui se concentrent chacune sur quatre axes bien définis. Il s’agit de les faire travailler ensemble, d’opérer une véritable synergie entre elles et de retenir de tout cela des priorités d’action. Une fois de plus, c’est avec pragmatisme que nous abordons nos travaux. Nous sommes prêts à encourager des initiatives pour un temps et voir ce qu’elles produisent en retour. Si celles-ci sont concluantes alors nous pourrons promouvoir leur généralisation ou leur systématisation.
La Coalition va également pouvoir profiter de la tenue de certains évènements. Ce sera notamment le cas lors de la 4ème Université Numérique du MEDEF qui se tiendra les 21 et 22 Mars prochains sur le thème « Comment relever le défi des compétences ? » et pendant laquelle la Coalition pourra disposer d’un atelier par exemple pour faire connaître son action.
ECDL France : Peut-on aujourd’hui identifier des champs sur lesquels les efforts de la Coalition se feront plus particulièrement sentir ?
JS : Oui, certaines priorités ont d’ores et déjà été présentées lors de la première assemblée plénière de la Coalition le 19 octobre dernier. Parmi elles on peut évoquer le fait de favoriser une plus grande mixité dans les métiers du numérique, d’attirer un nombre accru de femmes vers des métiers sur lesquels la proportion d’hommes domine encore largement. Sur un plan plus général, concernant l’ensemble des actifs, l’amélioration globale des compétences numériques est aussi une priorité. Si les demandeurs d’emploi ont tout intérêt à améliorer l’état de leurs compétences numériques pour favoriser leur employabilité, il en va également de même pour des salariés qui ont de plus en plus besoin de suivre les évolutions technologiques de leurs métiers. Enfin, nos travaux concernent tout un chacun, autrement dit, des millions de citoyens de plus en plus confrontés à des plateformes en ligne dans le cadre de leurs obligations administratives ou de leur accès à l’information. Nous travaillerons donc de concert avec le gouvernement qui vient de lancer son plan inclusion numérique le 12 décembre dernier.
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Depuis 20 ans déjà, la Fondation ECDL suit l’évolution des Technologies de l’Information et de la Communication et encourage le développement des compétences numériques qui permettront de relever les défis de demain. Avec plus de 15 millions de candidats dans le monde répartis dans plus de 150 pays, la certification PCIE/ECDL/ICDL s’établit plus que jamais comme la référence internationale de la certification des compétences digitales.
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Retrouvez plus d’informations sur le site de la Coalition Française : http://www.french-digital-coalition.fr/